Morgan 56′ de Boris Vian

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La Restauration de la Morgan Plus 4 – modèle 56′ – de Boris Vian.

Chargée d’émotions et de souvenirs, la voiture de Boris Vian; une Morgan plus 4,  nous est confiée par Patrick Vian, son fils musicien. Bien que la voiture soit en assez bonne présentation, elle nécessite un travail important de restauration avant de lui permettre de reprendre la route en toute sécurité…

voiture morgan '56 Boris Vian

Un amoureux de l’écriture dans sa Morgan 56′

Pour les amoureux d’histoire, voici une photo de Boris VIAN au volant de sa Morgan.

Tour d’horizon du véhicule Morgan 56′

En premier lieu, la Morgan est restée immobilisée au moins 12 ans. Lors de sa livraison chez Techni-Tacot, celle-ci avait les roues bloquées. Le système de freinage hors service nous demande de déposer les tambours pour déplacer facilement le véhicule. Une photo de détail montre l’état d’oxydation du maître cylindre. Une image intéressante graphiquement parlant mais témoin de ce que peut entraîner l’immobilisation prolongée d’un véhicule.

L’internaute averti aura sûrement reconnu en arrière plan, une Facel Véga. Une autre voiture passionnante. Serait-ce la Facel de Françoise SAGAN ? Secret … !

Démontage du véhicule Morgan 56′ (éléments amovibles)

A première vue, les éléments comme les ailes présentent bien. Hélas en regardant de près, la peinture est faïencée et laisse apparaître des auréoles témoins de masticages trop généreux.

Le décapage révèle les différentes réparations et sur épaisseur de cache-misères avant d’arriver à la tôle. Chaque élément requière un nombre d’heures important pour que le travail soit digne d’une restauration et non d’une mascarade.

Dépose mécanique et carrosserie fixe Morgan 56′ :

Cette phase demande plus de rigueur que de technique véritablement. Il va falloir repérer, photographier, classer et établir les phases à venir pour préparer la future re construction.

Par exemple, il s’agira de commencer à rechercher, de nouveaux amortisseurs, une ligne d’échappement, un faisceau électrique, de refabriquer les câbles de compteur et frein à main, de reconditionner les radiateurs (chauffage, principal et huile), d’établir des listes de pièces manquantes à trouver sur les bourses ou chez nos fournisseurs, réparer re chromer les éléments d’ornement et d’éclairage, etc.

Le groupe propulseur est extrait en dernier par commodité et surtout parce qu’il ne peut sortir sans sa boite de vitesses : recul impossible à cause des barres du train AV soudées à la caisse.

Certaines pièces de bois situées entre châssis et carrosserie principale ont souffert des intempéries. La structure bois est reconstruite à l’identique grâce au travail de l’ébéniste automobile.

La restauration de la Morgan 56′ commence :

Le châssis :

Après séparation de la caisse principale et de son châssis, nous nous attelons à remettre en état la pièce structurelle majeure. Le décapage permet de mettre au jour les éventuelles anomalies telles que : fissures, stigmates d’accident, perforations par la corrosion, etc. Nous constatons que la traverse avant doit être ouverte pour décaper son intérieur et remplacer la tôle de fermeture. Par chance elle n’a été atteinte qu’en partie basse.

Ensuite les étapes de finition de type carrosserie sont appliquées au châssis pour obtenir un ensemble protégé de la corrosion, d’un bel aspect visuel et laqué en noir satiné.

Caisse principale et structure supérieure en bois de la Morgan 56

Reconstruction d’un bord d’aile (en deux mots), côté marche pied.

Porte gauche : 1 – au départ (c’est pas mal du tout), 2 – pendant le ponçage les choses se gâtent, 3 – à contrejour, on se rapproche de la vallée de notre capricieuse Durance, 4 – le métal est juste bon pour le recyclage, 5 – les grands moyens, on retaille une porte dans une feuille de métal neuve.

Porte Droite : (bis repetita) avec une autopsie montrant un lest conséquent causé par Saint « tofer » qui doit prier pour nous !

Une fois reconstruits, greffés, redressé, alignés, planés, les éléments sont mis en apprêts, sans avoir utilisé de masticage.

La restauration de la Morgan 56′ se poursuit

Un panel de quelques étapes amenant à la caisse principale reconstruite.

Ébénisterie – L’ossature bois de la Morgan 56′ :

Cette phase est conséquente par le savoir-faire requis pour reconstruire l’ébénisterie de la caisse principale et le nombre d’opérations nécessaires à l’obtention d’un ensemble châssis – ossature – carrosserie ajusté et fini. Les premières étapes consistent à séparer prudemment la tôle de la structure en bois. On peut s’apercevoir à quel point le bois est irrécupérable et a subit des tentatives de sauvetages discutables. L’ébéniste reconstruit à l’identique en utilisant la carrosserie non refaite comme gabarit. Puis le bois est recouvert d’une lasure noire de protection pour retrouver l’esthétique de l’époque. Des bandes de mousses isolantes sont collées sur les zones de contact avec les autres éléments.

Ébénisterie – L’ossature bois de la Morgan 56′, suite :

Une fois que l’ossature est prête à recevoir la carrosserie. Il est temps de s’occuper de cette dernière. Le travail commence par le décapage jusqu’à la tôle nue, puis se succèdent les différentes greffes de métal. Redressage et planage permettent de retrouver les lignes de la Morgan. L’application des apprêts et couches de laque ne pourra se faire que sur la « peau » montée sur l’ossature.  De ce fait, il faut préparer avant la face interne et la laquer en noir comme à l’origine. Ensuite la « peau » retrouve l’ossature et est fixée par cloutage. C’est alors que les phases finales de ponçage, ajustage, et laquage seront réalisées. Le bleu Winbley est retenue comme teinte identique à la sortie d’usine du véhicule.

Chassis et Carrosserie de la Morgan 56′

Le châssis retrouve sa carrosserie, nous allons pourvoir passer à la restauration des trains et du groupe propulseur pour remettre le véhicule sur ses roues.

Chromes de la Morgan 56′

Les pièces d’ornement (chromes) sont refaçonnées pour passer ensuite par les traitements de chrome.

Reconstruction des pivots de direction de la Morgan 56 :

Soyons franc, la conception du train avant reste, comment dire ?  Archaïque ? Oui je crois que cela illustre bien. Heureusement il n’y a que cette partie, tout le reste en bien plus récent, disons …, les années 30 ?  Allez, 40 pour être gentleman 😉

Mais pour corser la « chose », le « fameux » train avant est dans un état d’usure, quelque chose de rare. Accidenté côté droit, usé au-delà des pièces de bronze, et fonctionnant à sec. Il a donc fallu reconstruire en plus des pièces de glissement, les pièces maîtresses en acier comme les fusées de roue. On peut apprécier le degré d’usure de la bride de glissement à la forme patatoïdale de son centre, ainsi que la réduction de matière au contact du ressort de suspension.

Reconstruction des pivots de direction de la Morgan 56 (suite) :

Les premiers travaux ont consisté à extraire ce qu’il restait des longues bagues de glissement sur le pivot à proprement dit. Puis à recalibrer la fusée pour y insérer de nouvelles bagues usinées par nos soins (rien de disponible chez les revendeurs). Puis devant l’usure par abrasion des surfaces d’appui des fusées, nous avons choisi de réaliser une pièce destinée à compléter le manque de matière et retrouver un plan de contact parfait avec la bride de bronze, rattachée au tirant. Ensuite, la découpe des cales de glissement ressort/fusée est réalisée dans un brut de bronze avec tous les déchets de matière que peut entrainer une pièce de cette forme. Grâce à la réalisation au modèle et à la pièce inférieure de complément, la bride est parfaitement centrée et peut glisser en rotation sur la fusée. Pour améliorer la conception, une bride épaulée est usinée pour recevoir le pied de ressort. Ce n’est pas d’origine, mais elle prolongera la durée de vis de l’ensemble. Techni-Tacot oeuvre pour la transmission du patrimoine automobile.

Mise en place suspensions et pivots de direction de la Morgan 56 :

De part la conception des suspensions, le remontage reste difficile et dangereux si le mécanicien ne dispose pas d’un compresseur de ressort adéquat. La mise en place nécessite de comprimer solidement le long ressort pour pouvoir engager le pivot muni du ressort court inférieur dans ses logements. Ensuite, le montage des plaques de verrouillage supérieur et inférieur permet de détendre le long ressort. Le pivot est alors en place.

Durant la vie du véhicule, la taille des jantes a été modifiée, pour passer de 16 à 15 pouces, permettant le montage de pneu plus courant. Mais la roue de secours est restée en 16 pouces. Faute de jantes en 16′ disponibles, nous conservons cette modification qui appartient à l’histoire du véhicule.

Réfection du système freinage de la Morgan 56 :

Si le système de freinage n’a rien d’alambiqué, le diamètre utilisé n’est plus commercialisé. La solution principale et que nous avons retenue, est celle du reconditionnement des cylindres de roue.  Le maitre cylindre (courant) est remplacé ainsi que les flexibles. Les flasques d’essieu reçoivent des ressorts de force différente. Nous les avons différenciés avec des couleurs. Les garnitures sont de types collées et en friction tendre. Cela confère une meilleure accroche dès la sollicitation des freins. L’hydraulique est remplie avec du liquide 100 % silicone dont nous ne présentons plus les avantages. Toutes les canalisations métalliques sont refaites à l’identique. Cela permet de supprimer tout risque de dépôts accumulés au fil des années précédentes.

Déshabillage et diagnostic moteur de la Morgan 56 :

La motorisation d’origine est issue des TR3-TR4 Triumph.

Pour connaître le coût du reconditionnement d’un moteur, nous devons le désassembler, nettoyer les pièces à contrôler, puis faire la métrologie de celles-ci. C’est ainsi que nous saurons ce qui doit être remplacé, ce qui peut être usiné ou rectifié et ce qui est en parfait état et peut ne pas être changé.

Le moteur ici comporte un talon en haut de cylindres témoignant de son kilométrage important, l’embiellage est déjà en fin de première cote et devra donc être rectifié. La ligne de culbuteurs est très usée. Nous devrons la changer en totalité. Quant à la culasse, sièges et soupapes à rectifier, et guides à remplacer.  Voici les principales interventions mais la liste n’est vraiment limitée à celles-ci.

Train arrière – pont de la Morgan 56

Comme pour chaque restauration, les tambours sont décapés, rectifiés pour supprimer un voile dû souvent à une surchauffe, retrouver un état de surface satiné et non brillant (acier « glacé »), puis laqués.

Le pont reste de conception robuste et ne demande pas de remplacement ni au niveau du différentiel ni du couple conique. Par contre nous remplaçons les différentes bagues d’étanchéité et les roulements de moyeux.

Boîte de vitesses de la Morgan 56

Accessoires périphériques au moteur de la Morgan 56

Radiateur principal et de chauffage sont désassemblés pour un tringlage complet. Ceci à pour but de déboucher tous les canaux du faisceau ou remplacement du faisceau si besoin. L’essentiel des problèmes de chauffe est dû à un circuit de refroidissement obstrué ou colmaté par le tartre de l’époque où l’utilisation de l’eau du robinet ajoutée à de l’antigel était courante. A chaque complément d’eau, on ajoutait le calcaire contenu dans l’eau qui se déposait sous forme de tartre.

Reconditionnement du moteur de la Morgan 56 :

La pompe à huile est rectifiée au niveau de la portée du carter, jeu de denture des pignon contrôlés, ligne d’axe sans jeu anormal. Le bloc moteur est décapé et contrôlé au niveau de l’absence de fissure. La culasse est éprouvée puis retrouve ses soupapes après rectification et idem pour les sièges. Les guides sont remplacés. Un surfaçage termine le travail pour garantir une étanchéité avec le joint de culasse.

Accessoires périphériques – préparation et apprêts – Morgan 56 :

Une belle restauration ne se limite pas qu’à une belle carrosserie. Tous les accessoires doivent passer dans les mains du restaurateur. De temps en temps, selon les dossiers nous revenons sur des étapes importantes à nos yeux, et qui sont indissociable d’un travail soigné. Prenons les cas des accessoires périphériques au moteur. Nous parlons ici des carters, de la pompe à eau, supports divers, hélice de ventilateur etc. Après un décapage jusqu’au métal, un dégraissage est réalisé. Pour respecter l’ordre des couches de produits appliqués, nous commençons par un apprêt phosphatant. Ce produit non garnissant garanti une accroche importante et une protection anti corrosion. A la suite, un apprêt garnissant en une ou plusieurs couches est appliqué.

Accessoires périphériques – laquage – Morgan 56 :

L’apprêt garnissant une fois sec, sera poncé à 800 à l’eau pour obtenir une surface lisse. Ensuite sera appliquée la laque. Le moteur de cette Morgan retrouve la teinte bleu-vert métallisé, caractéristique.

En procédant de la sorte, les pièces sous le capot moteur seront dans la continuité du travail conséquent réalisé sur les parties extérieures.

Contrôle des pièces et préparation au remontage du moteur de la Morgan 56 :

La partie jubilatoire qu’est la reconstruction d’un moteur après les dizaines d’heures laborieuses passées à dégraisser, dérouiller, rectifier, …

Nous commençons par disposer les ensembles de pièces mécaniques. Le bloc moteur en fonte est inspecté et dépoussiéré. Un relevé de cotes est fait en plus de celui de l’usineur, toujours dans le but de débusquer une confusion ou un oubli avant le remontage. Les segments sont ajustés après les avoir glisser dans les nouveaux fûts. Nous insistons sur cette étape longue certes mais OGLIGATOIRE même avec du matériel d’excellente fabrication.

Reconstruction du moteur de la Morgan 56 :

A partir du bloc moteur fonte, paliers AR de récupération d’huile, bouchons d’huile, coussinets de ligne d’arbre et vilebrequin sont remontés. Une fois équilibrés et appariés, l’équipage mobile est mise en place. Vient alors le tour de l’arbre à cames et le calage de la distribution .Rien de bien compliqué pour ce montage à chaîne. Il suffit de reporter les repères sur les pignons neufs (vierges) et de contrôler au comparateur que la synchronisation est conforme. La culasse fonte après remplacement des guides, rectification des guides et soupapes, retrouve sa place. Un couple élevé de serrage proche de 13 m.kg caractérise ce moteur très solide.

Périphériques et finitions sur moteur de la Morgan 56 :

Le moteur pose fièrement dans sa livrée métallisée. Bien que rendu au combien célèbre par son conducteur de l’époque, Boris VIAN, le 4 cylindres Triumph s’offre le luxe de s’afficher devant la Ford Monte Carlo conduite par Grâce Kelly. La passion pour l’automobile ancienne nous invite au devoir de mémoire pour ces grands personnages.

Re fabrication de la ligne d’échappement de la Morgan – plus 4 :

Non, ce n’est pas une défense de Mammouth trouvé au fond de la Durance, mais bien la ligne d’échappement. Elle semble avoir été réparée de nombreuses fois ou plutôt « pétassée » selon notre jargon technique local ;-). L’ensemble sera re construit en INOX pour la pérennité et un bel aspect esthétique. Pour réduire les vibrations, un flexible inox court est placé avant le silencieux . Ceci réduit la transmission des vibration du moteur et réduit le risque de rupture du col de collecteur en fonte. Ainsi cette ligne , comme le roseau, plie mais ne rompt pas …

Remontage éléments principaux de la Morgan – plus 4 :

Moteur en place, nous positionnons les éléments de carrosserie pour préparer leur montage et leur alignement définitif. Du jonc d’aile en moleskine est utilisé pour les jonctions.

Remontage éléments principaux de la Morgan – plus 4 :

La calandre est irrécupérable et n’existe plus en fabrication actuelle. Nous devons, à partir du modèle original maintes fois réparé, reconstruire à l’identique une nouvelle calandre.

Sellerie et capote de la Morgan – plus 4 :

Dernière étape, l’habillage de la Dame. Capote alpaga, et moleskine et moquetage noir pour l’intérieur.

Essai et restitution de la Morgan – plus 4 de Boris VIAN :

La restauration prend sa fin après 2 années de travail. La reconstruction a été réalisée en profondeur sur un véhicule qui semblait, vu de l’extérieur en état correct. Mais il en  a été tout autrement et le résultat vaut les efforts engagés.  La mécanique fonctionne très bien. Le véhicule est équipé d’un moteur suffisamment vitaminé compte tenu de la partie trains roulants, freinage et châssis qui reste plus destinée. Ce qui signifie qu’il y a bien assez de reprise et de puissance pour mouvoir ce légendaire cabriolet. Le conducteur devra rester prudent quant à la capacité du freinage à tambours et la performance des suspensions. La direction est très directe et non assistée. Les créneaux demandent un certain effort sur le volant. Mais en contre partie,  les sensations sont là sur une technologie des années 50′.

 

Essai et restitution de la Morgan – plus 4 de Boris VIAN :

Nous profitons du plaisir de recevoir réunir quatre générations de la famille VIAN avec :

  • l’esprit Boris Van au travers de sa voiture,
  • Patrick, fils,
  • Cédric , petit fils,
  • Jason, arrière-petit fils, qui nous a gentiment offert le crédit photos

Toute l’équipe Techni-Tacot remercie chaleureusement la famille Vian pour leur confiance, leur sympathie, tout au long de cette belle aventure.

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